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Étude sur les caractéristiques de la peau de bébé

Étude sur les caractéristiques de la peau de bébé

Les fonctions de la peau restent essentiellement les mêmes à toutes les phases de la vie, notamment : barrière, photoprotection, thermorégulation, surveillance immunitaire, synthèse hormonale, prévention des pertes hydriques et perception sensorielle. Cependant, il existe plusieurs différences structurelles importantes entre la peau des bébés et des adultes, les différences sont dues à la transition drastique du milieu aquatique intra-utérin au milieu extérieur gazeux ainsi qu’à une immaturité.

La peau est une structure complexe composée des différentes couches à savoir l'épiderme, le derme, la jonction épidermique et la couche la plus interne de l'hypoderme. L'épiderme est non vascularisé alors que les trois couches restantes sont vascularisées. Les annexes de la peau sont situées dans le derme et l'hypoderme. L'épaisseur de l'épiderme varie selon la localisation au niveau du corps : les paumes, les pieds ont une peau épaisse alors que les paupières présentent la peau la plus fine.

La peau des bébés diffère de celle des adultes de plusieurs façons importantes, principalement en raison de son développement et de sa maturation.

1. La peau - généralités

La peau est l'organe le plus grand et l'un des plus complexes du corps humain. Elle recouvre l'intégralité de l'extérieur du corps, le protégeant contre les agressions extérieures, les infections, et la perte d'eau. La peau joue également un rôle crucial dans la régulation de la température corporelle, la sensation, la production de vitamine D, et d'autres fonctions vitales. Elle est composée de quatre couches principales, chacune ayant des fonctions spécifiques.

2. La peau du nourrisson

Au cours de la phase fœtale, la peau devient fonctionnelle. Elle développe une barrière protectrice résidant dans le stratum corneum. La maturation du stratum corneum est très importante pour la santé des prématurés. Le développement de la peau implique l'agencement des tissus d'origine mésodermique et ectodermique adjacente.

La peau fœtale désigne la peau du fœtus pendant la grossesse. Son développement est un processus complexe qui évolue au fil des semaines de gestation, passant par plusieurs stades pour atteindre sa forme mature à la naissance. La peau du fœtus présente des caractéristiques uniques qui la différencient de la peau adulte, notamment en termes de structure, de fonction et de composition.

Développement et caractéristiques

Le développement de la peau commence dès les premières semaines de gestation. Au départ, la peau fœtale est très fine et transparente, permettant de voir les vaisseaux sanguins sous-jacents.

Comme chez l'adulte, la peau fœtale se compose de quatre couches principales : l'épiderme, la jonction épiderme-derme, le derme et l'hypoderme. Cependant, ces couches subissent des modifications importantes tout au long du développement fœtal.

La peau fœtale provient de l'ectoderme au cours de l'embryogenèse. L'ectoderme est la plus externe des trois couches germinales primaires. A 21 jours de gestation, l'ectoderme se différencie en neuroectoderme et en épiderme. À la semaine 4, la couche de cellules basales s'est formée et est recouverte de périderme, qui protège l'épiderme en développement du liquide amniotique et gère l'absorption du glucose.

Les mélanocytes apparaissent dans la couche basale à partir de 5 à 8 semaines de gestation. Les cellules de Langerhans apparaissent et expriment des antigènes à 6 semaines de gestation. De 8 à 14 semaines, les kératinocytes prolifèrent pour former la couche épineuse entre la couche basale et le périderme. De 14 à 17 semaines, les cellules épineuses supérieures sont aplaties.

L'épiderme est entièrement kératinisé à 26 semaines avec une couche basale, 2 à 3 couches épineuses, une couche granuleuse et 5 à 6 couches de stratum corneum. Entre les semaines 5 et 26 de gestation, huit stades de différenciation épidermique se produisent. Le stratum corneum et le vernix apparaissent en même temps, au cours du dernier trimestre de la gestation. À partir du deuxième trimestre, la peau du fœtus commence à se couvrir de vernix caseosa, une substance blanchâtre et cireuse constituée de cellules mortes de l'épiderme et de lipides sécrétés par les glandes sébacées. Le vernix protège la peau fœtale de l'amniotique, prévenant son dessèchement et facilitant le passage dans le canal de naissance.
Vers le cinquième mois de gestation, le fœtus développe le lanugo, un duvet fin et doux qui couvre temporairement le corps. Le lanugo aide à maintenir le vernix caseosa sur la peau. Il tombe généralement avant ou peu après la naissance.

Fonctions

Durant la phase fœtale, la peau assure essentiellement 2 fonctions :

  • Protection : La peau fœtale, avec le vernix caseosa, offre une protection contre les infections et les abrasions. Elle joue également un rôle dans la régulation des échanges entre le fœtus et le liquide amniotique.
  • Développement sensoriel : La peau est l'un des premiers systèmes sensoriels à se développer, permettant au fœtus de commencer à ressentir des sensations tactiles dès le deuxième trimestre.

Particularités

La peau fœtale présente quelques particularités :

  • Perméabilité : La peau fœtale est plus perméable que celle de l'adulte, ce qui signifie qu'elle peut plus facilement absorber et perdre de l'eau et d'autres substances.
  • Maturation à la naissance : À la naissance, la peau continue à mûrir et à s'adapter à l'environnement extérieur. Le vernix caseosa et le lanugo disparaissent généralement peu de temps après la naissance, bien que certains nouveau-nés puissent encore en présenter des traces.

La peau fœtale est donc un organe dynamique et essentiel au développement intra-utérin, offrant protection, régulation et des premières sensations tactiles au fœtus. Sa composition et sa fonction évoluent considérablement tout au long de la grossesse, se préparant pour l'environnement extérieur à la naissance.

3. Différences structurelles peau nourrisson VS peau adulte

La peau d'un bébé diffère de celle d'un adulte à plusieurs égards, principalement en raison de sa structure, de sa fonction et de sa composition chimique. Ces différences rendent la peau des bébés plus sensible et nécessitent des soins spécifiques.

Surface de la Peau

La surface cutanée de la peau du nourrisson semble plus rugueuse que celle de la peau adulte. Les images de microscopie vidéo et CLSM (microscopie confocale à balayage laser) ont démontré des différences distinctes entre la surface de la peau adulte et infantile. Chez les nourrissons, le réseau des lignes (rainures de microrelief) par zone est observé plus dense que l'adulte, et les structures sont plus arrondies. En revanche, ces structures chez les adultes semblent être plus plates et avec une plus grande surface.

Ce contraste peut être le résultat de l'état plus sec des cornéocytes à ces sites. En revanche, la peau des nourrissons semble bien hydratée conformément aux mesures d'hydratation de la peau précédemment rapportées.

Figure 1 : La surface de la peau apparaît différente entre les nourrissons et les adultes


Au niveau de l’Epiderme

Il a été rapporté que le Stratum Corneum (SC) de bébé est environ 30 % plus mince que la peau d'un adulte. De plus, des différences ont été trouvées au niveau de la couche granulaire, la couche juste en dessous du SC. Une taille cellulaire plus petite dans les couches supérieures de la peau est observée indiquant un taux de renouvellement cellulaire plus élevé dans l'épiderme du bébé ; ce qui explique également les propriétés de cicatrisation améliorées chez les nourrissons par rapport aux adultes.

Des différences structurelles ont également été observées dans la couche dermique. La microscopie confocale à balayage laser in vivo a révélé que le derme du bébé est composé de fibres courtes de collagène. La microscopie a en outre confirmé l’absence de la couche réticulaire aux profondeurs observées contrairement à la peau adulte. De plus, il est observé que la peau du bébé est plus douce et élastique que la peau adulte. D'autres images CLSM in vivo ont révélé que la distribution de la taille des papilles dermiques est homogène chez les nourrissons alors qu'elles varient en taille et sont de forme plus irrégulière dans le cas de la peau adulte.

Figure 2 : Différences entre la peau de l'adulte et celle du nourrisson sous la surface de la peau

Cornéocytes & Kératinocytes

La taille des cornéocytes infantiles est plus petite que celle de l'adulte. Les différences entre la taille des kératinocytes adultes et infantiles étaient mesurables au niveau de la couche granuleuse (SG). Les densités cellulaires dans la couche granuleuse SG (mais pas cornéenne - SC) peuvent également être mesurées à partir des données confocales. On présume que la plus petite taille des cellules chez les nourrissons est due à des taux de renouvellement cellulaire plus élevés. Il y’a une diminution progressive du taux de prolifération des cellules épidermiques au cours de la première année de vie.

Au cours des 3 premiers mois de vie, la rugosité de la peau diminue en corrélation avec une augmentation de l'hydratation du SC. De plus, la microscopie électronique à balayage a révélé 10 fois plus de structures pileuses par unité de surface cutanée chez les nouveau-nés que chez les adultes.

Le SC fait face à l'environnement extérieur et est chargé d'éviter les pertes d'eau et la pénétration d'éventuels agents externes incriminés. Le maintien d'un SC sain assure une barrière air-liquide adéquate. Le SG est une fine couche de cellules différenciées du stratum spinosum sous-jacent. Les granules de kératohyaline sont remplis de protéines riches en histidine et en cystéine qui lient les filaments de kératine entre eux. La profilagrine est la principale protéine riche en histidine, impliquée dans la dermatite atopiques et l'ichtyose vulgaire. Des corps lamellaires remplis de lipides et de protéines sont présents dans l'espace extracellulaire entre le SC et le SG et forment une structure bicouche alternant avec de l'eau entre les cellules. Ce « mortier » lipidique hydrophobe en association avec des kératinocytes cornifiés (« briques ») est responsable d'une grande partie des propriétés barrières mécaniques et physiologiques du SC.

Jonction Derme-Epidermique

Chez les nourrissons nés à terme, la jonction derme-épidermique devient progressivement plus ondulée de la naissance à l'âge de 16 semaines. Rappelons que la jonction dermo-épidermique est une structure anatomique cruciale située entre l'épiderme, la couche supérieure de la peau, et le derme. Cette jonction joue un rôle essentiel dans l'adhésion des deux couches de la peau, facilitant les échanges de nutriments et d'oxygène entre elles, tout en empêchant le passage de substances nocives.

Chez les bébés, la jonction dermo-épidermique est particulièrement importante car leur peau est plus fine et plus vulnérable que celle des adultes. La barrière cutanée des bébés est moins développée, ce qui les rend plus susceptibles aux infections et aux irritations. La jonction dermo-épidermique contribue à la protection de la peau en renforçant cette barrière et en soutenant la régénération et la réparation de la peau.

Les soins de la peau chez les bébés doivent donc tenir compte de la sensibilité de la jonction dermo-épidermique, en évitant les produits chimiques agressifs, en maintenant la peau bien hydratée et en protégeant la peau des conditions environnementales extrêmes, pour préserver la fonction barrière de la peau et promouvoir une croissance saine de la peau.

4. Différences de compositions peau nourrisson VS peau adulte

La capacité de régénération de la peau, ainsi que sa fonction de barrière protectrice contre les substances nocives et contre la perte d'eau est déterminée par ses composants. Typique pour un système biologique, la fonction de ces composants est interdépendante.

Teneur en Eau

Les nourrissons naissent avec une peau relativement sèche, ce qui indique un faible taux d'hydratation de la peau à la naissance par rapport à l'adulte. L'hydratation de la peau augmente pendant les 2 à 4 semaines après la naissance et se stabilise progressivement au cours de la vie. Il a été suggéré que l'augmentation du taux d'hydratation de la peau pourrait être le résultat de la maturation fonctionnelle croissante de la glande eccrine. Par conséquent, cette augmentation conduit à une hydratation cutanée significativement plus élevée chez les nourrissons plus âgés (respectivement de 3 à 12 mois et de 8 à 24 mois) par rapport aux adultes. Au fur et à mesure que l'hydratation de la peau augmente, les paramètres de rugosité de la peau diminuent.

La fonction barrière de la peau est localisée dans le SC, il est donc important d'étudier les différences de composition possibles entre le SC adulte et infantile. Dans les différentes études, il a été constaté que la teneur en eau du SC bébé était globalement plus élevée que celle du SC adulte, mais dans le cas du TEWL (TransEpidermal Water Loss ou PIE – Perte Insensible en Eau) , elle était beaucoup plus élevée dans la peau du bébé.

La recherche a montré que la peau du nourrisson contient moins de lipides totaux et moins de lipides sébacés (bande carbonyle) que la peau adulte, confirmant l'activité réduite des glandes sébacées du nourrisson par rapport aux glandes de l'adulte.

Les résultats suggèrent aussi que l'élasticité de la peau augmente dans le cas des nouveau-nés jusqu'à 2 ans, puis diminue. L'augmentation de l'élasticité peut refléter la formation des faisceaux de collagène.

La capacité quantifie la teneur en eau du SC, qui influence la fonction barrière d'absorption percutanée, la réaction aux irritants et également les propriétés mécaniques de la peau. L'humidité et la température ambiante influencent la capacité. Les valeurs de capacité peuvent varier selon les sites pour les adultes, elle a été observée très élevée sur le front, la plante des pieds, les paumes et très basse sur les jambes.

La capacité varie dans de nombreuses pathologies cutanées, comme dans la DA (Dermatite Atopique) elle devient très faible, et elle a été observée très élevée dans la dermatite de la couche. Une teneur en eau excessive dans l'érythème fessier compromet la fonction barrière en augmentant le coefficient de friction et la perméabilité irritante.

Facteur Naturel d’Hydratation (NMF – natural moisturizing factor)

Pour retenir l'eau et garder la peau hydratée, les cornéocytes contiennent des molécules hygroscopiques qui agissent comme des humectant. Certains produits de dégradation des protéines, tels que les petits acides aminés, l'urée, l'acide pyrrolidone carboxylique, l'ornithine, la citrulline, l'acide urocanique jouent un rôle important en tant qu'agents humectant de la peau en se liant et en retenant l'eau et en maintenant le SC à des niveaux normaux d'hydratation. Ceux-ci sont connus dans la littérature scientifique sous le nom de facteur d'hydratation naturel (NMF). Il a été rapporté que la concentration de NMF était plus faible dans la peau des nourrissons que dans la peau des adultes. Les NMF contiennent également des acides organiques, des sucres, et des ions. Outre son rôle dans la rétention d'eau et l'hydratation, les NMF ont également une fonction d'autorégulation en contrôlant l'activité des protéases impliquées dans la synthèse des NMF. Une faible humidité augmente l'activité des enzymes de dégradation de la filaggrine, ce qui entraîne plus de NMF, qui à son tour augmente la teneur en humidité du SC.

Semblable à l'eau, la concentration en NMF peut être mesurée par microscopie confocale Raman en fonction de la profondeur de la peau. Cependant, comme la peau des nourrissons est plus hydratée que la peau des adultes malgré la faible concentration en NMF, il doit y avoir d'autres mécanismes pour réguler l'homéostasie de l'eau chez les nourrissons. Les candidats potentiels sont le SC plus mince, le taux de desquamation relativement élevé ou la structure de surface de la peau particulière aux nourrissons (l'eau peut être piégée dans les lignes de microrelief denses des nourrissons.)

Teneur en Lipides

Différentes études récentes confirment que la surface de la peau des nourrissons contient significativement moins de lipides totaux et moins de lipides sébacés par rapport aux adultes. Ceci est en corrélation avec les faibles niveaux de sébum mesurés chez les nourrissons. Les lipides intracellulaires de la peau sont des régulateurs de l'hydratation du SC et de la fonction barrière. Les taux réduits de lipides à la surface de la peau du nourrisson peuvent ainsi suggérer une fonction barrière immature de la peau du nourrisson. Les principaux lipides dans les membranes lamellaires sont l'acide palmitique, l'acide stéarique, l'acide béhénique, l'acide lignocérique et l'acide hexacosanoïque. Les autres lipides présents dans le SC comprennent l'acide oléique, l'acide eicosapentaénoïque, l'acide arachidonique, l'acide docosahexaénoïque et l'acide linoléique, comme ses dérivés qui sont les acides linoléniques.

Teneur en Mélanine

La mélanine est synthétisée dans les mélanosomes, dans les cellules dendritiques localisées dans l'épiderme, les mélanocytes. Les mélanosomes sont ensuite transférés dans les kératinocytes, le pigment mélanique est considéré comme jouant un rôle photo-protecteur.

D'après différentes études, il a été constaté que les nourrissons ont une concentration de mélanine significativement inférieure à celle des adultes dans les sites corporels exposés au soleil. Ceci est d'une grande importance car la mélanine fonctionne comme un filtre UV en réduisant la pénétration de la lumière UV à travers l'épiderme. Une concentration de mélanine plus faible, un SC plus mince chez les nourrissons, ainsi qu'une hydratation accrue du SC, peuvent entraîner une sensibilité accrue aux effets nocifs de la lumière UV. Par conséquent, l'exposition accrue au soleil et les coups de soleil contractés dans l'enfance sont en corrélation avec un risque accru de tumeurs malignes de la peau. De plus, les effets de l'exposition au soleil sont observés chez les nourrissons dès la première année d'exposition sous la forme d'une augmentation de la concentration de mélanine dans la peau exposée. L'augmentation de la production de mélanine induite par les UV peut endommager l'ADN. Ainsi, une exposition précoce au soleil peut contribuer à l'effet cumulatif et aux dommages cutanés causés par la lumière UV. La densité de population des mélanocytes semble être uniforme dans le cas du nouveau-né.

5. Différences fonctionnelles peau nourrisson VS peau adulte

La peau agit comme une barrière physique comme pour la protection thermique ; une barrière chimique pour empêcher les polluants d'entrer ; et une barrière biologique pour protéger contre les microbes et les allergènes. En tant que barrière physique, la peau empêche également la déshydratation des tissus internes en emprisonnant l'humidité.

Barrière Cutanée

La perte d'eau Trans épidermique (TEWL, pour TransEpidermal Water Loss) est un indicateur de la fonction barrière de la peau. Le TEWL mesure la quantité d'eau qui s'évapore de la surface de la peau vers l'atmosphère. C'est un paramètre clé pour évaluer l'intégrité de la barrière cutanée et la santé de la peau.

Différentes études ont démontré que la peau de bébé s'est avérée non seulement avoir des taux de TEWL plus élevés que la peau adulte, mais aussi de fortes variations dans les données sont observées, ce qui confirme que chez le nourrisson, la barrière cutanée n'est pas complètement développée.

Il a été constaté que la peau du nourrisson absorbe plus d'eau que la peau de l'adulte et perd davantage cette eau par suite d’une cinétique plus rapide. Il est intéressant de noter que la peau des adultes semblait impliquer un seul mécanisme de désorption, tandis que la peau des bébés en impliquait apparemment un deuxième, plus rapide.

Le taux de perte d'eau Trans épidermique (TEWL) de l'épiderme est très faible, 4-8 g/m2/h chez l’adulte alors qu’il est de 6 à 12 g/m²/h chez le nourrisson en fonction des sites de mesure.

Notons que chez les adultes, un TEWL élevé peut indiquer une altération de la barrière cutanée, souvent associée à des conditions telles que la dermatite, le psoriasis, ou l'eczéma. Une peau saine a généralement un TEWL plus faible, ce qui signifie que la barrière cutanée fonctionne efficacement pour retenir l'humidité et protéger contre les agents pathogènes, les allergènes et les irritants environnementaux.

Manteau Acide

Le développement d'une couche cornée (SC) acide, nécessaire au traitement normal des lipides du SC pour former une barrière épidermique compétente, est une caractéristique essentielle.

Les bébés développent un SC acide (manteau acide) dans les 4 semaines qui suivent la naissance. Le manteau acide facilite le traitement enzymatique des lipides pour former des bicouches lipidiques compétentes qui fournissent la barrière de perméabilité épidermique, il aide également à réguler les enzymes qui contrôlent la desquamation et la cohésion, et enfin dans la défense antimicrobienne.

En 1923, Sharlit et Scheer ont mesuré le pH de surface de la peau normale à l'aide d'une méthode colorimétrique et ont trouvé que le pH de surface moyen de la peau adulte était de 5,5. En 1928, Schade et Marchionini ont introduit une nouvelle méthode, la Glockenelektrode et ont découvert que le pH de la surface de la peau variait de 3,0 à 5,0 et ont attribué cette variation à la sueur. L'étude du pH de la peau d'Irvin Blank a confirmé que le pH de la surface de la peau variait de 4,2 à 6,0 chez les enfants. Au total, le pH passe d'environ 7,0 dans la partie supérieure de l'épiderme à 4,5 à 5,0 dans la couche cornée externe. Le pH de la surface de la peau des nourrissons à terme et prématurés est moins acide que celui des enfants et des adultes, mais s'acidifie rapidement au cours des 4 premières semaines. On note que les garçons prématurés ont des valeurs de pH plus alcalines et une fonction barrière plus altérée par rapport aux filles du même âge gestationnel.

Cliniquement, la desquamation augmente lorsque des acides exogènes sont appliqués, cette propriété a été utilisée par de nombreuses préparations thérapeutiques et cosmétiques. La desquamation pathologique peut être observée dans des affections cutanées associées à un pH de surface anormalement neutre ou alcalin, comme un contact irritant ou la dermatite atopiques ou pour certaines ichtyoses.

Un pH SC acide est également important dans la défense contre l'invasion microbienne. Différentes études ont démontré qu'un pH cutané moins acide entraînait une augmentation du nombre d'organismes sur la peau, en particulier les bactéries gram-négatives et les proprionibactéries, ce qui suggère que le pH peut également médier la réaction immunitaire à l'infection.

Microbiologie

La peau est une barrière protectrice et surtout elle sert de barrière contre l'infection. L'équilibre entre la colonisation cutanée et l'infection implique une interaction entre les propriétés mécaniques, biochimiques, physiologiques et immunologiques de la peau et les caractéristiques du micro-organisme.

En période néonatale, cet équilibre est important car il augmente la sensibilité des nourrissons de faible poids de naissance à l’infection pathogène pouvant être à l'origine de la mort du nouveau-né prématuré. La colonisation cutanée débute au moment de l'exposition au milieu extra-utérin. La peau des bébés nés par césarienne est généralement stérile, mais les nourrissons nés par voie vaginale sont colonisés lors de la descente dans le canal génital.

Staphylococcus epidermidis est l'organisme vaginal le plus commun juste avant la naissance et s'installe immédiatement sur la peau de la plupart des nouveau-nés. D'autres organismes, tels que Malassezia spp. et les bactéries Proprioni, sont également visibles à la surface de la peau au fur et à mesure que la barrière cutanée mûrit . Dans des conditions d'hygiène, la flore résidente ressemble à celle des adultes après les 6 premières semaines de vie.

Les pratiques d'hygiène des soignants, le bain, le nettoyage vaginal maternel sont les facteurs impliqués dans l'altération de la flore bactérienne normale de la peau du nourrisson et donc de la fonction barrière de la peau du nourrisson.

Prolifération Cellulaire

Le renouvellement des cellules épidermiques dans une peau saine est lié au taux de desquamation car un déséquilibre entraînerait un amincissement ou un épaississement du SC. Il a ainsi été constaté qu'au cours des 3 premiers mois de vie, le taux de desquamation variait en fonction de la localisation anatomique. Il est élevé au niveau de la zone du visage alors que ce taux de desquamation est très bas au niveau de la zone des fesses . Cela pourrait s'expliquer par l'hydratation élevée dans cette zone en raison de l'environnement occlusif (couches).

La prolifération des cellules épidermiques diminue significativement au cours de la première année de vie et atteint des niveaux adultes au cours de la deuxième année de vie. Le taux de prolifération cellulaire plus élevé chez les jeunes nourrissons peut expliquer la taille cellulaire plus petite et la densité cellulaire plus élevée observées dans ce groupe d'âge.

Glandes Sébacées

Chez l'homme, les glandes sébacées sécrètent du sébum qui est un mélange de lipides non polaires. Une forte augmentation de l'excrétion de sébum se produit quelques heures après la naissance, avec un pic au cours de la première semaine.

Un certain nombre d'études ont confirmé des modifications de la composition lipidique du sébum associées à l'âge ou à l'activité des glandes sébacées. Le Vernix caseosa recouvre le fœtus pendant le dernier trimestre de la grossesse et a une fonction imperméabilisante pour le fœtus in utero en tant que barrière hydrophobe. Le film superficiel de sébum a une influence positive sur l'hydratation de la peau. Les lipides de la surface de la peau conservent leurs mécanismes de protection, où les lipides du sébum jouent un rôle majeur.

Des études in vitro en cours ont montré que les lipides totaux du sébum peuvent entraîner une réduction de la croissance des bactéries gram-positives (Staphylococcus aureus, Streptococcus salivarius) et anaérobies (Fusobacterium nucleatum), alors qu'ils sont inefficaces contre les bactéries les plus gram-négatives.

La vitamine E (tocophérol) est un constituant important du sébum humain qui est un antioxydant naturel et il existe une étroite corrélation entre les niveaux de squalène et de tocophérol dans le sébum. Alors que l'exposition aux UVA et UVB des lipides de la surface de la peau induit des produits d'oxydation, la vitamine E peut présenter ses propriétés antioxydantes pour la protection de la peau contre la peroxydation lipidique. Par conséquent, les enfants âgés de 6 mois à 7-8 ans ayant de faibles niveaux de lipides sébacés à la surface de la peau peuvent avoir besoin d'une application externe de vitamine E pour augmenter leur capacité antioxydante locale. D'autre part, l'excrétion accrue de sébum entraîne le développement de l'acné du bébé.

Les céramides

Différentes études ont conclu que la teneur en céramides chez les nourrissons est inférieure à celle des adultes de la même origine ethnique. La différence dans les valeurs de la céramide implique la barrière épidermique immature.

Lorsque l'on compare les valeurs entre les adultes des différentes ethnies, il a été observé que très peu de quantités de céramide se trouvent dans l'ethnie africaine (0,74 ± 0,25), les valeurs pour la peau caucasienne ont été notées comme 1,18 ± 0,46 et 1,14 ± 0,51 pour la peau asiatique. De cela, nous pouvons conclure que la teneur en céramides pour le nourrisson de l'ethnie africaine peut être encore inférieure à celle de l'adulte de la même ethnicité.

Taux de Vitamine D

Plusieurs études ont démontré une prévalence élevée de déficit en vitamine D chez les nourrissons, notamment les nourrissons de phototype IV à VI (méditerranéen, arabe, noir ou métisse).

Selon l'étude menée aux Pays-Bas, il a été constaté que la prévalence de la déficience en vitamine D est plus élevée chez les bébés à la peau foncée que chez les bébés caucasiens si la mère est déficiente en vitamine D. Dans une étude autre néerlandaise, une carence sévère en vitamine D (25‐hydroxyvitamine D3 <13 nmol/l) a été trouvée chez 54 % des nouveau-nés d'origine non européenne contre 6 % des nouveau-nés néerlandais/européens de l'Ouest.

La vitamine D est hydroxylée en 25‐hydroxyvitamine D3 dans le foie, régulée par l'hormone parathyroïdienne, un hydroxylation supplémentaire en 1,25‐dihydroxyvitamine D3 a lieu dans le rein. La 1,25‐dihydroxyvitamine D3 est le métabolite actif de la vitamine D qui augmente les concentrations de calcium intra‐ et extracellulaire par plusieurs mécanismes : elle absorbe le calcium intestinal, diminue l'excrétion rénale du calcium et, en présence d'hormone parathyroïdienne, mobilise le calcium des os.

Les niveaux de phosphatase alcaline trouvés chez les nouveau-nés pourraient refléter un effet sur la masse osseuse, ce qui suggère que la vitamine D supplémentaire est nécessaire chez les bébés à phototype IV à VI pour la croissance et la santé des os.

Conclusion

La peau des bébés diffère de celle des adultes de plusieurs façons importantes, principalement en raison de son développement et de sa maturation.

Durant cette présente étude, nous avons présenté la peau dans ses généralités et nous avons mis en exergue les différences fondamentales entre la peau d’un nourrisson et celle d’un adulte.

Quelle soit structurelle, de composition ou encore de fonctionnalités, ces différences exigent une formulation de produits pour bébé saine, efficace et transparente.

Voici quelques-unes des différences clés entre la peau des bébés et celle des adultes :

  1. Epaisseur : la peau des bébés est considérablement plus fine que celle des adultes. Cela la rend plus perméable et susceptible d'être affectée par les irritants extérieurs, les produits chimiques et les bactéries.
  2. Hydratation : la peau des bébés a tendance à se déshydrater plus rapidement que celle des adultes car elle contient moins de fibres naturelles de maintien de l'humidité et de glandes sébacées actives. Cela signifie que la peau des bébés peut se dessécher plus facilement, nécessitant des soins hydratants réguliers.
  3. Protection : la fonction de barrière de la peau, qui aide à protéger le corps contre les infections et les substances nocives, est moins développée chez les bébés. Leur peau est donc plus sensible et susceptible d'être irritée.
  4. Pigmentation : Les bébés ont une pigmentation de la peau moins développée comparée aux adultes. Cela les rend plus sensibles aux dommages causés par le soleil, d'où l'importance d'une protection solaire adaptée.
  5. Régulation thermique : La capacité de la peau à aider à réguler la température du corps est moins efficace chez les bébés. Ils peuvent facilement avoir trop chaud ou trop froid, car leur système de régulation thermique et leur production de sueur ne sont pas encore pleinement développés.
  6. Réactivité : La peau des bébés est plus réactive aux irritants, ce qui peut conduire à des éruptions cutanées, de l'eczéma et d'autres problèmes de peau plus fréquemment par rapport aux adultes.

En raison de ces différences, les soins de la peau pour les bébés exigent des produits doux spécialement formulés pour leur peau délicate, ainsi qu'une attention particulière pour éviter les irritants, maintenir une bonne hydratation et protéger leur peau contre les éléments environnementaux.

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